mercredi 21 novembre 2007

N°48 - Novembre 2007

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Le défi du changement démographique dans notre Province

Le dernier Chapitre général (Rome, 2004), au cours duquel « chaque Unité de la Congrégation a pu évaluer et scruter sa vie communautaire et son apostolat à la lumière de notre charisme oblat » (T.E., p. 6), a constitué le point culminant du Projet Immense Espérance. A ce Chapitre, tous les débats étaient concentrés autour de six thèmes majeurs : Mission et évangélisation, Communauté oblate et vie religieuse, Formation pour la mission, Mission auprès des jeunes, Vocation à la vie missionnaire oblate et Autorité et gouvernement. Il est intéressant de constater qu’à la dernière session intercapitulaire tous les rapports des Régions et du Gouvernement central se sont basés sur ces mêmes thèmes. Un peu comme pour dire que le dernier Chapitre général n’a pas mis fin au Projet Immense Espérance, qui demeure aujourd’hui encore un véritable processus d’auto-évaluation.
Je reviens de l’Afrique du Sud où, à Hartbeespoort du 1er au 12 octobre, j’ai participé à la session intercapitulaire, qui a réuni le Gouvernement central et les Provinciaux de notre famille religieuse. A cette importante réunion au sommet, nous avons échangé sur bien des sujets. Nous avons, sous la mouvance de l’Esprit, étudié la réponse que notre Congrégation a donné aux mandats du dernier Chapitre général. A cet effet, nous avons évalué, selon nos régions d’appartenance, notre vie religieuse et nos pratiques missionnaires. Nous avons aussi écouté les rapports sur l’évolution du Comité précapitulaire pour le gouvernement et du Comité pour la vente de la Maison générale. Et regardant vers le prochain Chapitre général de 2010, nous avons fait, comme d’habitude, d’intéressantes recommandations à la Commission précapitulaire.
Parmi les nombreuses questions qui ont surgi à la session intercapitulaire, nous avons accordé la priorité aux points ci-après : l’internationalité en tant qu’elle affecte la vie oblate, le besoin de la formation humaine et spirituelle, la sécularité, le changement démographique, l’animation de la vie religieuse et apostolique, la mission auprès des jeunes et les critères pour accepter les candidats à la lumière des réalités du monde d’aujourd’hui.
En ma qualité de Provincial du Congo et de Président de la Région Afrique/Madagascar, j’ai particulièrement été intéressé par le thème du changement démographique en tant qu’il nous oblige à préparer dès maintenant une place respectable pour l’Afrique dans une Congrégation qui bascule au sud. Dans ce contexte, il ne s’agit pas seulement de favoriser la mission ad extra du sud vers le nord ; il s’agit aussi et surtout de former les nôtres pour la mission dans des domaines aussi diversifiés comme la sociologie, l’anthropologie, le counselling, la spiritualité, l’orientation de carrière, les finances, le leadership, l’administration, les sciences informatiques, etc.
Dans notre Province, nous avons sérieusement pris conscience du défi que constitue le changement démographique dans la Congrégation, notamment lorsque nous avons lancé, il y a deux ans, le projet Repenser notre présence. La prochaine Assemblée provinciale, qui se tiendra à Ifwanzondo du 20 au 26 janvier 2008, ne manquera pas, je l’espère, d’enrichir le débat sur le défi et les conséquences du changement démographique dans notre Unité. D’ici là, prions Dieu pour que le processus de la préparation de cette assemblée soit véritablement un temps de discernement communautaire et de croissance pour toute la Province.

Macaire MANIMBA, omi.
Supérieur provincial

samedi 16 juin 2007

N°47 - Juin 2007

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Dix Ans de présence en Angola
Prévoir les défis de demain

1997-2007. Voilà dix ans que nous accomplissons notre mission d’Eglise en Angola ! A Luanda comme à Ondjiva nous travaillons avec le même zèle à l’évangélisation du peuple angolais, et nous apportons avec beaucoup d’audace notre contribution à la reconstruction d’une Eglise locale détruite par tant d’années de guerre civile. En visitant Saint André et Namacunde, on ne peut s’empêcher de faire l’éloge des pionniers de cette mission ainsi que de leurs continuateurs pour l’œuvre d’évangélisation réalisée en si peu de temps. Ils ont bâti sur le roc et sont, comme l’écrit Saint Paul, des lettres vivantes écrites avec l’Esprit de Dieu (2 Co 3, 2-3).

Tout en ne cachant pas mon admiration pour le travail des confrères dont la présence en Angola fait la fierté de la Province, je ne laisse pas d’être inquiet face à l’avenir de la mission. Je déplore le fait qu’à peine dix ans, cette mission accuse déjà d’évidents signes de fatigue et de vieillesse. Je ne crains pas de dire que notre mission d’Angola vit depuis des années une sérieuse crise intérieure, une crise d’identité. La dernière assemblée de la mission (18-22 mai 2007) a heureusement tenté d’en mesurer les motifs et facteurs. Au premier rang de ceux-ci elle a placé un divorce profond entre le zèle apostolique et la charité fraternelle. Les deux autres facteurs relèvent, à mon avis, d’une insatisfaction dans l’ordre des relations interpersonnelles : le refus de se soumettre à l’autorité légitimement établie et la persistance des conflits mal gérés entre les membres. Symptomatique, à cet égard, le fait que depuis 1999 nos confrères d’Angola n’aient pas été capables de tenir régulièrement des réunions communes et pacifiques.

Qui se souvient encore des dernières lignes de la note du père Jean-Marie Ribaucourt relative à sa visite en Angola du 8 mai au 5 juin 1999 ? Elles évoquaient les relations tumultueuses entre les confrères. Ribaucourt écrivait alors : « ‘‘Si le zèle pour le salut des âmes’’ est remarquable chez nos confrères d’Angola, son pendant prioritaire ‘‘entre vous, la charité, la charité, la charité ’’ est déficient. Cependant, chacun en souffre et semble souhaiter une prochaine réconciliation ». Effectivement, à la dernière assemblée de la mission, on a vu certains confrères se donner la main en signe de réconciliation et promettre de passer l’éponge sur tous les différends. Il faut espérer que cette démarche contribuera à décrisper le climat général pour que tout le monde puisse, sous l’autorité du nouveau Supérieur, regarder dans la même direction.

Ceci dit, ne passons pas notre temps à résoudre les problèmes d’hier. Regardons plutôt autour de nous et cherchons à prévoir les défis de demain : promouvoir la fidélité à nos Constitutions et Règles, favoriser la communion fraternelle, élever le niveau du jugement humain en appréciant positivement les efforts de chacun, établir des structures et une identité collective qui n’étouffent pas l’enthousiasme des membres, demeurer attentifs aux aspirations du peuple angolais et aux valeurs qu’il porte en lui, travailler à l’expansion de la mission, découvrir les vocations à la vie religieuse oblate et conduire avec soin le travail de discernement, etc.

Notre vie religieuse oblate est essentiellement une vie commune, où nous avons besoin les uns des autres, et chacun du milieu fraternel. C’est, me semble-t-il, la condition de notre propre accomplissement spirituel et de notre efficacité au service de l’Evangile. Je mets ainsi nos confrères d’Angola au défi de se remettre constamment en question et de s’engager à vivre pleinement leur consécration religieuse dans le contexte de l’Eglise et de la société angolaise. Cela voudrait dire beaucoup de lucidité dans la prise des décisions et dans l’exercice du ministère, conversion radicale à l’Evangile et changement de vie. Tous, ils doivent se disposer à faire de tels sauts dans la foi.

Macaire Manimba, omi
Supérieur provincial

jeudi 10 mai 2007

N°46 - Mars 2007


Os de mes os


Le Conseil provincial élargi attendu pour le mois de mars 2007 a effectivement eu lieu, à Ifwazondo. Il a fait suite à une série d’événements qui ont tonifié la vie et la mission de notre Province au cours de trois premiers mois de cette année. Il s’agit de 5 jours de retraite annuelle passés au Centre Spirituel Mbiti, de la célébration du double jubilé d’argent du scolasticat et du Théologat St Eugène de Mazenod, du colloque sur la mission et la sainteté dans l’Eglise organisé par l’ISEM, des missions populaires prêchées à la Paroisse Christ Sauveur par notre Equipe d’Animation Missionnaire, des deux sessions sur la catéchèse et développement organisées par notre Bureau provincial de Développement pour les catéchistes des nos paroisses de Kinshasa , d’Idiofa et de Kikwit, de la réunion du comité provincial des finances et de celle du comité provincial de formation.
A Ifwazondo, nous nous sommes rassemblés, les supérieurs locaux, le secrétaire provincial et le trésorier provincial autour du Provincial et son Conseil. Il nous a manqué le supérieur de Mwembe, le Père Jean-Marie Okokono qui, après avoir échoué une première tentative d’un pénible voyage sur une route déclarée impraticable, arrivera deux jours avant la fin du Conseil. Nous avons prié et réfléchi dans une ambiance très fraternelle, en dépit de quelques petits ennuis de santé du Père Provincial.
Les travaux du conseil se sont ouverts par une allocution du Provincial qui en a indiqué le but et l’objet en ces termes : « A une année et demi de la fin de mon mandat à la tête de la Province, j’ai ressenti la nécessité d’associer tous les supérieurs des communautés locales à cette réunion du Conseil provincial élargi afin de procéder ensemble à une évaluation à mi-chemin de notre vie communautaire et de notre apostolat…Cette évaluation permettra à l’Administration de préparer sans tergiversation et sans atermoiement la prochaine Assemblée provinciale qui interviendra en mars ou avril 2008 ». Pour ce faire, « cette réunion du Conseil provincial élargi se déroulera en trois étapes : 1- La session de formation sur l’exercice du leadership au niveau local… 2- Le conseil provincial avec la participation des supérieurs des communautés…3- Le Conseil provincial restreint ». Le Provincial trouve normal de donner aux supérieurs locaux « ‘la possibilité de participer le plus possible à la prise de décision et de collaborer à la mise en œuvre des décisions prises ‘(C74). Car grâce aux concours de ceux-ci le Provincial espère, « pouvoir parvenir à un consensus sur les questions ci-après : la constitution du staff du prénoviciat, les dispositions pratiques sur la cession de la paroisse de Dibaya-Lubwe, la suppression de la communauté de Wenge, la collaboration missionnaire avec le diocèse de Conversano/Monopoli en Italie, le changement de notre système financier et le projet Repenser notre présence. Il a conclu son allocution en précisant que « la réunion du Conseil Provincial élargi n’est pas une occasion de retrouvailles. Elle se veut surtout un temps favorable à la prière et à la réflexion sur notre vie de religieux et de missionnaires au cœur du monde ».
Les deux premiers jours du conseil provincial élargi ont été consacrés à la session sur l’exercice du leadership au niveau local. Le Père Paul DELRUE, Directeur du CIAM-Afrique et animateur de la session, a enseigné, avec un talent oratoire très captivant, la nécessité de la vie communautaire, l’équilibre personnelle et communautaire, la mission et le leadership chrétien comme quatre grandes idées qui ont toutes concouru à offrir aux supérieurs locaux la figure du Leader selon le cœur de Jésus. De ce bel enseignement, complètement développé à partir des Saintes Ecritures, « Os de mes os » est une des expressions qui nous est restée très célèbre. Sans nul doute, le Père Paul nous aura-t-il appris à nous découvrir désormais les uns les autres comme « os de mes os ». Au fait, le Père Paul nous a épaté par une inhabituelle méditation sur le deuxième récit de la création comme fondement scripturaire de la communauté religieuse. Il nous a invités à réentendre en religieux ce petit verset : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » et d’en redécouvrir la profondeur théologique pour la vie missionnaire. Ce texte s’est révélé porteur d’une richesse spirituelle inouïe qui inspire tout ce qu’il faut pour se sanctifier dans et par la communauté. Singulièrement, le Père a médité sur l’os comme une grande valeur mythique pour les nomades, peuples pasteurs et pour toute la tradition judéo-chrétienne. C’est le symbole de la consistance humaine. Sans os, l’homme n’est qu’un paquet de chaire et ne peut donc pas se tenir débout. Dans une communauté, surtout africaine, saisie comme une famille qui se comprend à la lumière de l’Eglise famille de Dieu selon les propres termes du Synode africain, le supérieur est conçu comme un Yaya (grand-frère). Ce dernier garantit tous les biens possibles à ses frères et sœurs cadets. Essentiellement, il veille à ce que dans la communauté, aucun os ne soit brisé à personne.
Le Conseil provincial élargi a été également marqué par des échanges sur les rapports des communautés locales. Ces échanges ont assuré effectivement une évaluation à mi-chemin de notre vie communautaire et de notre apostolat. Sur base des réponses des communautés au questionnaire reprenant les quatre axes prioritaires de l’action de l’Administration provinciale, nous avons pu jauger le niveau actuel de notre ferveur spirituelle, de la qualité de nos communautés respectives, de nos finances et de notre pastorale. Cette évaluation sera expédiée aux communautés afin de permettre à chaque confrère de prendre conscience de nos forces et faiblesses et d’en tirer les conséquences qui s’imposent.
Avant de libérer les supérieurs locaux et entrer en conseil provincial restreint, le Provincial a accordé la parole au trésorier provincial, le Père Constant Ilombun. Ce dernier, dans un percutant exposé, nous a répandu du chaud et du froid lorsqu’il a étalé un alarmant diagnostic des causes des difficultés financières de notre Province face auxquelles il a suggéré des perspectives audacieuses susceptibles de nous tirer du carcan. Plus important, il nous a invité à nous préparer aux sacrifices durant toute l’année 2008 afin de lui permettre d’opérer un changement de notre système financier vis-à-vis de la trésorerie générale, à partir de 2009.

N°45 - Octobre 2006

Cap sur Lolo !

Parcourir le diocèse de Lolo dans tous les sens, c’est se heurter au fait qu’après autant de décennies d’évangélisation l’Eglise, malgré tous les efforts perceptibles, se trouve encore à ses débuts : la pastorale d’ensemble est à repenser et l’infrastructure de base, à mettre en place, etc.
A Lolo la mission appelle ! Ce diocèse, dont la superficie est de 10.000 Km², comprend 9 paroisses avec chacune plusieurs sous-paroisses. Il ne compte qu’une vingtaine de prêtres et quelques religieuses (Sœurs Dominicaines de Notre-Dame du Rosaire), avec un vaste territoire qui n’est pas bien occupé. Les villages ne sont pas suffisamment visités et les fidèles n’ont pas l’occasion d’approcher régulièrement les sacrements. Il y a urgence, et nous devons tout mettre « en œuvre pour éveiller et réveiller la foi de ceux à qui nous sommes envoyés et leur faire découvrir « qui est le Christ » (C 7).
Le père Deo Mukomo revient de la province de l’Equateur où, pendant une semaine, il a visité la paroisse d’Ekama (Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus). Dans le rapport qu’il présente au Conseil provincial le père se fait insistant sur la nécessité de la présence oblate dans le diocèse de Lolo et il espère « que dès septembre 2007 nous serons à l’œuvre à Ekama. Les fidèles nous attendent avec impatience ! ».
Attentive aux appels de l’Esprit, notre Administration a décidé de constituer dès à présent le premier contingent de missionnaires qui devra desservir la paroisse d’Ekama. Le départ de ce contingent est prévu pour le mois de septembre 2007 et celui-ci pourra être composé de trois prêtres, un frère et un régent. Mais d’ici là, le Provincial et le père Deo Mukomo, pressenti Supérieur de la communauté de pionniers, effectueront un dernier voyage de prospection (février 2007) au cours duquel ils lanceront les travaux de réfection du presbytère d’Ekama.
Nous irons à Lolo avec la conscience que nous appartenons à un institut religieux dont la mission principale dans l’Eglise est « de faire connaître aux plus délaissés le Christ et son Royaume »(C 5). Mais loin de nous présenter là-bas en conquérants joyeux, « nous nous laisserons évangéliser par les pauvres et les marginaux vers qui notre ministère nous envoie, car souvent ils nous font entendre de façon nouvelle l’Evangile que nous annonçons. Attentifs à la mentalité des gens, nous accepterons de nous laisser enrichir par leur culture et par leurs traditions » (R 8a).
Il est toutefois souhaitable que les confrères qui feront partie du premier contingent soient doués d’une grande sensibilité culturelle et d’intuitions pastorales et qu’ils aient le don à la fois de rêver et de créer du neuf. Car il ne sera pas acceptable qu’à Lolo nous fassions exactement comme à Idiofa ou encore comme à Kikwit et à Kinshasa. Il nous faudra, en tout cas, apprendre l’art d’écouter avant de prendre le risque d’inventer des nouvelles façons de présenter le message de la foi.
En fixant le cap sur Lolo, nous entendons exprimer la volonté de notre Congrégation de s’ouvrir toujours davantage à des nouveaux besoins apostoliques et de se mettre humblement au service de l’Eglise locale. En même temps que j’invite toutes nos communautés locales à prier pour la réussite de ce projet éminemment missionnaire, je confie notre nouveau champ d’apostolat à la protection maternelle de Marie Immaculée.

Macaire MANIMBA, omi.
Supérieur provincial

N°44 - Juin 2006

Repenser notre présence

Le chemin de l’espérance coïncide nécessairement avec celui de la vie. Il suffit de l’emprunter pour mieux se projeter dans l’avenir. C’est, me semble-t-il, le sens à donner aux actes du dernier Chapitre général, qui nous a habitués à évaluer et scruter notre « vie communautaire et notre apostolat à la lumière du charisme oblat » (T.E, p.6). Ce Chapitre, le premier du troisième millénaire, a ouvert une brèche et demande que nous nous y engouffrions tous pour inventer de nouvelles façons de présenter au monde la Bonne Nouvelle de la foi.
Dans notre Province, nous sommes bien conscients de cette poignante réalité. Chaque jour qui passe, nous réalisons que dans notre marche sur le chemin de l’espérance, l’essentiel réside dans notre capacité d’élaborer une vision et des stratégies raisonnables, pour amener les membres de notre Province à les faire leurs et, le moment venu, à rendre compte des engagements pris. Cela permettra à l’Administration de ne pas s’écarter de sa responsabilité première, qui est celle d’animer la vie et la mission au sein de notre unité en vue de promouvoir la fidélité à nos Constitutions et Règles. Ici encore, le Conseil provincial, après avoir évalué l’action accomplie jusqu’ici, a voulu garder le cap sur les priorités déjà fixées : la ré-conversion au projet religieux fondamental, la vigilance à la qualité de vie des communautés, la maximisation de nos finances et la réorientation de notre action pastorale. Le même Conseil a chargé le Portefeuille de la formation de mettre en place un programme de formation, première et continue, qui tienne compte de ces quatre priorités.
Au cours de notre réunion du Conseil, il a aussi beaucoup été question de repenser notre présence missionnaire dans la société congolaise. Fidèles à notre tradition oblate, nous avons commencé par regarder notre société en face. Nous avons constaté que de plus en plus un fossé semble se creuser entre la formation reçue, l’exercice de nos ministères et les défis actuels de notre société. Parmi ces défis, nous avons retenu trois domaines qui ont besoin d’être sérieusement examinés. D'abord, notre expansion missionnaire ici au Congo et en Angola nous oblige à mettre fin à notre monopole dans le diocèse d’Idiofa. Une importante décision à ce sujet sera prise et annoncée dès novembre prochain sur la cession d’une ou de deux paroisses dans ce diocèse. A Kinshasa, nous ne devons plus continuer à nous concentrer si nombreux pour exercer le ministère paroissial pendant que nos communautés d’Isangi, de Luanda et d’Ondjiva réclament à grand cris du personnel. Ensuite, l’encadrement de la jeunesse doit impérativement être intégré dans une pastorale présente au sein des institutions scolaires et/ou universitaires. Enfin, nous prévoyons d’orienter notre action apostolique vers l’aide aux couches les plus vulnérables de la société comme les paysans sans véritables ressources, les orphelins et les Shégués (enfants de la rue).
Mais ces trois défis majeurs de notre action apostolique ne nous font pas perdre de vue notre responsabilité historique sur la gestion du complexe ISEM, dont le plan de développement doit être rigoureusement suivi et progressivement exécuté. S’agissant de l’agitation créée autour du projet consortium, je tiens à préciser que le Théologat Saint Eugène de Mazenod, qui célèbre l’année prochaine ses 25 ans d’âge, « est une œuvre oblate à protéger, car elle constitue un espace de rayonnement de notre charisme ». Il n’est donc plus question pour nous, Oblats, de négocier une quelconque forme de sa perte.Demeurant dans l'ambiance de notre année jubilaire, je voudrais que nous continuions à bénéficier plus largement de bienfaits de ce temps de grâces. En toutes circonstances, remercions le Seigneur pour le don de la vocation oblate ; célébrons notre réconciliation avec Lui et avec nos frères en admettant, bien sûr, nos pertes et nos faiblesses. Nous pourrons ainsi nous projeter dans l’avenir avec une mémoire bien purifiée.

Père Macaire MANIMBA, omi.
Supérieur provincial

N°43 - Mars 2006

Appel à la jubilation !

Notre jubilé de diamant, qui s’est ouvert solennellement le 11 février dernier à Kinshasa, est un événement éminemment ecclésial qui promet de marquer en profondeur la vie des communautés chrétiennes des diocèses où nous sommes à l’œuvre : Idiofa, Kinshasa, Isangi, Kikwit, Luanda et Ondjiva. Comme religieux Oblat congolais, réfléchissant sur le sens de cet événement, pour moi-même et pour notre Province, je suis parvenu à définir quatre termes majeurs qui continuent à nourrir ma méditation personnelle et que je voudrais vous lancer comme un quadruple appel à la jubilation, à la commémoration, à la constance et à la rénovation.
La jubilation, point n'est besoin de l'expliquer. Le jubilé est d'abord une occasion d'action de grâce, et donc de réjouissance. Mais, au-delà des clameurs qui expriment cette joie, nous devons pénétrer la profondeur de cet événement pour identifier et connaître précisément les motifs de cette réjouissance afin d'établir sa vraie valeur spirituelle et humaine. Chacun de nous, Oblats, frères, sœurs, parents, amis et connaissances des Oblats, est invité à cet exercice. Nous jubilons parce que nous avons accompli 75 ans d'existence en RDC. Nous avons travaillé sans trêve, dans des conditions souvent difficiles, à vivre et faire vivre le charisme de notre congrégation que Dieu a daigné inspirer à Saint Eugène de Mazenod, notre Fondateur. Nous sommes heureux d'avoir résisté pendant 75 ans devant les atrocités d'un pays de mission qui a toujours souffert de l'instabilité politique, économique et sociale. Nous jubilons aussi parce que 75 ans après, nous pouvons affirmer que les missionnaires oblats qui se sont succédés au Congo ont tous travaillé à l'avènement d'une Province oblate aujourd'hui mûre. Le Congo est une province oblate qui continue à faire ses preuves de croissance, de maturité et de vitalité. Cependant, 75 ans d'âge est le tout premier symptôme du vieillissement de notre province. Par conséquent, nous devons commencer à mettre en place les mécanismes de gestion du troisième âge que ce jubilé vient d'inaugurer.
Le jubilé a aussi un caractère commémoratif. C'est l'heure de réveiller en nous le souvenir de nos aînés, pionniers et anciens, et admirer tout ce qu'ils ont fait pour que l'œuvre évangélisatrice des missionnaires oblats soit ce qu'elle est aujourd'hui au Congo. C'est aussi l'occasion de prier davantage pour nos bienfaiteurs et tous les collaborateurs qui nous ont toujours prêté main forte pour la réussite de cette mission : les Administrations générales qui se sont succédées depuis 1931, les Provinces sœurs qui nous ont toujours assisté, notamment la Belgique, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Canada (à travers le CEMO), l’Italie, la France, etc. En particulier, nous devons rendre un hommage spécial aux missionnaires belges et hollandais, artisans de ce jubilé de diamant. Tout en admirant l'œuvre immense qu'ils ont réalisée au Congo, je ne me gênerai pas de demander, en cette heureuse circonstance, au Père Georges Vervust, provincial oblat de Belgique-Hollande, de continuer à nous soutenir et même à inventer des nouvelles formes de collaboration qui puissent permettre à la Province du Congo de venir à bout des difficultés qui retardent encore son plein épanouissement.
Après avoir commémoré et loué les efforts des nos aïeux, de nos collaborateurs, de nos bienfaiteurs et de notre propre engagement missionnaire, nous devons maintenant tourner les yeux vers l'avenir et garantir une mission prospère aux générations futures. C'est ici qu'il me convient d'adresser une parole particulière à vous, mes confrères Oblats de la Province du Congo. Je voudrais que nous puissions nous rappeler, à cette occasion propice, les défis majeurs de la mission oblate en RDC que j’avais si clairement indiqués dans mon allocution prononcée à l'occasion de l’installation de la nouvelle Administration provinciale, le 15 octobre dernier. Quatre défis majeurs méritent notre plus grande attention: la rénovation de notre expérience mystique et prophétique, la maximisation de nos finances, la qualité de vie dans nos communautés, et la réorientation de notre action missionnaire pour une prise de conscience de la responsabilité personnelle. Lors de ma dernière visite canonique dans vos communautés, nous avons discuté et approfondi ensemble le sens de ces priorités. Nous nous sommes résolu de nous mettre au travail pour tenter, dans la mesure du possible, de les relever. Je continue à attendre les projets de vie commune qui indiqueront clairement les efforts de chaque communauté et la volonté de tous de promouvoir la fidélité à nos Constitutions et Règles.
A l'intérieur de ces quatre défis et priorités de la province, je voudrais vous indiquer trois préoccupations que je porte dans mon cœur depuis que j'ai terminé ma première visite canonique parmi vous. D'abord il nous faut courageusement envisager un regroupement progressif de nos communautés dans le Diocèse d'Idiofa. A Idiofa, en effet, notre monopole a trop duré : depuis le départ des pères jésuites en 1933 ! Il faut espérer que d’autres congrégations religieuses viendront à leur tour soutenir et appuyer les efforts d’évangélisation dans ce grand diocèse auquel nous resterons, de toute façon, très attachés. Ensuite, il nous faut penser à l'expansion de la mission d'Angola en ayant un désir ardent d'angolaniser son personnel. Cela suppose la mise en place d’un programme adéquat pour les vocations. Enfin, la mission de Lolo dans l’Equateur : elle doit incessamment démarrer, et il faut pour cela que toute la Province se prononce pour me permettre de constituer la première équipe de pionniers. Je termine cette adresse en formulant pour chacun de vous le vœu de constance dans la mission. Conservons notre courage intellectuel et notre humilité pour aller toujours plus au large. Exhortons-nous mutuellement à nous renouveler dans la fidélité à notre vocation oblate, tout en considérant que celle-ci est aussi crucialement nécessaire aujourd’hui qu’hier, au temps d’Eugène de Mazenod ou encore au temps d’Hubert Eudore, fondateur de notre mission au Congo. Restons ouverts aux multiples grâces que ce jubilé nous apporte. Restons également unis aux confrères d’Isangi qui célébreront cette fête en mai et à ceux d’Idiofa-Kikwit qui la célébreront à leur tour avec le Supérieur général en août prochain. N’ayons pas peur de prendre les risques de la mission. Osons grand comme le monde, nous nous en sortirons, quelles que soient les contraintes de la vie. Je vous souhaite un bon carême. Avec la grâce de Dieu.

Père Macaire MANIMBA, omi.
Supérieur provincial

N°42 - Octobre 2005

Aller vers les autres pour se hausser mutuellement …

Avec l’installation de la nouvelle Administration provinciale, tout indique que nous sommes à l’un des grands tournants de l’histoire de notre Province, où à quelques mois de notre Jubilé de diamant (75 Ans de présence oblate) l’Esprit opère, à des profondeurs nouvelles, un mystère de mort et de résurrection. L’heure présente nous invite à nous dégager de nos principes rigides, de notre optimisme facile, de nos stratégies trop humaines, et à entrer dans une Immense Espérance. C’est l’heure d’écouter attentivement, en un silence intérieur, ce que l’Esprit, à travers le testament de notre Fondateur Eugène de Mazenod, dit à notre famille religieuse : « Pratiquez bien parmi vous la charité, la charité, la charité, et au dehors le zèle pour le salut des âmes ».
La réalité actuelle de la Province, il est vrai, est prometteuse. Il faut néanmoins la faire évoluer dans le bon sens, vers plus de vitalité, de charité, de fraternité et de solidarité. L’œuvre à accomplir dépasse certainement mes capacités. Mais je saurai, grâce à votre concours, garder ma tête froide autour des priorités et défis qui ont émergé à la faveur de la consultation, à savoir : la re-conversion au projet religieux fondamental, la poursuite de l’élan enclenché dans le sens de l’autonomie financière, la vigilance à la qualité de vie des communautés en promouvant un climat de confiance, de dialogue et de collaboration, la réorientation de l’évangélisation pour une prise de conscience de la responsabilité personnelle et la capacité à vivre et à communiquer l’esprit oblat, etc.
Je voudrais que toute cette charge soit portée par un leadership simple mais efficace. Et cela à chaque pallier de gouvernement de la province. Un leadership simple mais efficace ! Ce slogan traduit, je crois, le désir de changement qui fait bouger les Oblats de notre Province. Il faut démystifier le pouvoir, s’en "moquer" même, en permettant une bonne répartition des tâches aussi bien au niveau provincial que local. En même temps il faudra "fournir les moyens aptes à assurer un leadership et un gouvernement de qualité: une formation de base au leadership et à la gestion à tous les niveaux…"(TE31.1). Au niveau du Conseil provincial, nous venons de suivre un séminaire de formation à l'issue duquel nous avons mis en place des portefeuilles que chacun des Conseillers doit désormais tenir : Communauté et gestion du personnel, Formation, Mission, Finances et Questions juridiques.
Je voudrais être la tête d'un corps de «leaders transformateurs» qui aiment cette province et qui sachent l’animer avec fermeté mais toujours dans le respect des personnes. Sans déplacer ma bonté et ma bienveillance, je veillerai toujours à replacer chacun de nous devant les exigences de la vie religieuse et missionnaire, en prenant les décisions que je suis le seul à pouvoir prendre, après le dialogue et les consultations qui conviennent pour engager la Province dans un Nouvel Esprit Religieux (le NER). La meilleure formule de ce leadership transformateur serait la suivante : "Aller vers les autres pour se hausser mutuellement à des niveaux plus élevés de motivation et de moralité".
Nous détenons, me semble-t-il, la clef de notre avenir ; il nous appartient maintenant de choisir la voie que nous entendons suivre. Je laisse toutefois le soin à l’Esprit Saint de nous mettre dans les dispositions qui nous permettront, au cours de ce triennat, de recevoir du Christ et de la Vierge Immaculée lumière et force pour animer avec audace et humilité la vie et la mission au sein de notre famille religieuse.

Père Macaire MANIMBA, omi
Supérieur provincial