samedi 16 juin 2007

N°47 - Juin 2007

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Dix Ans de présence en Angola
Prévoir les défis de demain

1997-2007. Voilà dix ans que nous accomplissons notre mission d’Eglise en Angola ! A Luanda comme à Ondjiva nous travaillons avec le même zèle à l’évangélisation du peuple angolais, et nous apportons avec beaucoup d’audace notre contribution à la reconstruction d’une Eglise locale détruite par tant d’années de guerre civile. En visitant Saint André et Namacunde, on ne peut s’empêcher de faire l’éloge des pionniers de cette mission ainsi que de leurs continuateurs pour l’œuvre d’évangélisation réalisée en si peu de temps. Ils ont bâti sur le roc et sont, comme l’écrit Saint Paul, des lettres vivantes écrites avec l’Esprit de Dieu (2 Co 3, 2-3).

Tout en ne cachant pas mon admiration pour le travail des confrères dont la présence en Angola fait la fierté de la Province, je ne laisse pas d’être inquiet face à l’avenir de la mission. Je déplore le fait qu’à peine dix ans, cette mission accuse déjà d’évidents signes de fatigue et de vieillesse. Je ne crains pas de dire que notre mission d’Angola vit depuis des années une sérieuse crise intérieure, une crise d’identité. La dernière assemblée de la mission (18-22 mai 2007) a heureusement tenté d’en mesurer les motifs et facteurs. Au premier rang de ceux-ci elle a placé un divorce profond entre le zèle apostolique et la charité fraternelle. Les deux autres facteurs relèvent, à mon avis, d’une insatisfaction dans l’ordre des relations interpersonnelles : le refus de se soumettre à l’autorité légitimement établie et la persistance des conflits mal gérés entre les membres. Symptomatique, à cet égard, le fait que depuis 1999 nos confrères d’Angola n’aient pas été capables de tenir régulièrement des réunions communes et pacifiques.

Qui se souvient encore des dernières lignes de la note du père Jean-Marie Ribaucourt relative à sa visite en Angola du 8 mai au 5 juin 1999 ? Elles évoquaient les relations tumultueuses entre les confrères. Ribaucourt écrivait alors : « ‘‘Si le zèle pour le salut des âmes’’ est remarquable chez nos confrères d’Angola, son pendant prioritaire ‘‘entre vous, la charité, la charité, la charité ’’ est déficient. Cependant, chacun en souffre et semble souhaiter une prochaine réconciliation ». Effectivement, à la dernière assemblée de la mission, on a vu certains confrères se donner la main en signe de réconciliation et promettre de passer l’éponge sur tous les différends. Il faut espérer que cette démarche contribuera à décrisper le climat général pour que tout le monde puisse, sous l’autorité du nouveau Supérieur, regarder dans la même direction.

Ceci dit, ne passons pas notre temps à résoudre les problèmes d’hier. Regardons plutôt autour de nous et cherchons à prévoir les défis de demain : promouvoir la fidélité à nos Constitutions et Règles, favoriser la communion fraternelle, élever le niveau du jugement humain en appréciant positivement les efforts de chacun, établir des structures et une identité collective qui n’étouffent pas l’enthousiasme des membres, demeurer attentifs aux aspirations du peuple angolais et aux valeurs qu’il porte en lui, travailler à l’expansion de la mission, découvrir les vocations à la vie religieuse oblate et conduire avec soin le travail de discernement, etc.

Notre vie religieuse oblate est essentiellement une vie commune, où nous avons besoin les uns des autres, et chacun du milieu fraternel. C’est, me semble-t-il, la condition de notre propre accomplissement spirituel et de notre efficacité au service de l’Evangile. Je mets ainsi nos confrères d’Angola au défi de se remettre constamment en question et de s’engager à vivre pleinement leur consécration religieuse dans le contexte de l’Eglise et de la société angolaise. Cela voudrait dire beaucoup de lucidité dans la prise des décisions et dans l’exercice du ministère, conversion radicale à l’Evangile et changement de vie. Tous, ils doivent se disposer à faire de tels sauts dans la foi.

Macaire Manimba, omi
Supérieur provincial