jeudi 10 mai 2007

N°43 - Mars 2006

Appel à la jubilation !

Notre jubilé de diamant, qui s’est ouvert solennellement le 11 février dernier à Kinshasa, est un événement éminemment ecclésial qui promet de marquer en profondeur la vie des communautés chrétiennes des diocèses où nous sommes à l’œuvre : Idiofa, Kinshasa, Isangi, Kikwit, Luanda et Ondjiva. Comme religieux Oblat congolais, réfléchissant sur le sens de cet événement, pour moi-même et pour notre Province, je suis parvenu à définir quatre termes majeurs qui continuent à nourrir ma méditation personnelle et que je voudrais vous lancer comme un quadruple appel à la jubilation, à la commémoration, à la constance et à la rénovation.
La jubilation, point n'est besoin de l'expliquer. Le jubilé est d'abord une occasion d'action de grâce, et donc de réjouissance. Mais, au-delà des clameurs qui expriment cette joie, nous devons pénétrer la profondeur de cet événement pour identifier et connaître précisément les motifs de cette réjouissance afin d'établir sa vraie valeur spirituelle et humaine. Chacun de nous, Oblats, frères, sœurs, parents, amis et connaissances des Oblats, est invité à cet exercice. Nous jubilons parce que nous avons accompli 75 ans d'existence en RDC. Nous avons travaillé sans trêve, dans des conditions souvent difficiles, à vivre et faire vivre le charisme de notre congrégation que Dieu a daigné inspirer à Saint Eugène de Mazenod, notre Fondateur. Nous sommes heureux d'avoir résisté pendant 75 ans devant les atrocités d'un pays de mission qui a toujours souffert de l'instabilité politique, économique et sociale. Nous jubilons aussi parce que 75 ans après, nous pouvons affirmer que les missionnaires oblats qui se sont succédés au Congo ont tous travaillé à l'avènement d'une Province oblate aujourd'hui mûre. Le Congo est une province oblate qui continue à faire ses preuves de croissance, de maturité et de vitalité. Cependant, 75 ans d'âge est le tout premier symptôme du vieillissement de notre province. Par conséquent, nous devons commencer à mettre en place les mécanismes de gestion du troisième âge que ce jubilé vient d'inaugurer.
Le jubilé a aussi un caractère commémoratif. C'est l'heure de réveiller en nous le souvenir de nos aînés, pionniers et anciens, et admirer tout ce qu'ils ont fait pour que l'œuvre évangélisatrice des missionnaires oblats soit ce qu'elle est aujourd'hui au Congo. C'est aussi l'occasion de prier davantage pour nos bienfaiteurs et tous les collaborateurs qui nous ont toujours prêté main forte pour la réussite de cette mission : les Administrations générales qui se sont succédées depuis 1931, les Provinces sœurs qui nous ont toujours assisté, notamment la Belgique, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Canada (à travers le CEMO), l’Italie, la France, etc. En particulier, nous devons rendre un hommage spécial aux missionnaires belges et hollandais, artisans de ce jubilé de diamant. Tout en admirant l'œuvre immense qu'ils ont réalisée au Congo, je ne me gênerai pas de demander, en cette heureuse circonstance, au Père Georges Vervust, provincial oblat de Belgique-Hollande, de continuer à nous soutenir et même à inventer des nouvelles formes de collaboration qui puissent permettre à la Province du Congo de venir à bout des difficultés qui retardent encore son plein épanouissement.
Après avoir commémoré et loué les efforts des nos aïeux, de nos collaborateurs, de nos bienfaiteurs et de notre propre engagement missionnaire, nous devons maintenant tourner les yeux vers l'avenir et garantir une mission prospère aux générations futures. C'est ici qu'il me convient d'adresser une parole particulière à vous, mes confrères Oblats de la Province du Congo. Je voudrais que nous puissions nous rappeler, à cette occasion propice, les défis majeurs de la mission oblate en RDC que j’avais si clairement indiqués dans mon allocution prononcée à l'occasion de l’installation de la nouvelle Administration provinciale, le 15 octobre dernier. Quatre défis majeurs méritent notre plus grande attention: la rénovation de notre expérience mystique et prophétique, la maximisation de nos finances, la qualité de vie dans nos communautés, et la réorientation de notre action missionnaire pour une prise de conscience de la responsabilité personnelle. Lors de ma dernière visite canonique dans vos communautés, nous avons discuté et approfondi ensemble le sens de ces priorités. Nous nous sommes résolu de nous mettre au travail pour tenter, dans la mesure du possible, de les relever. Je continue à attendre les projets de vie commune qui indiqueront clairement les efforts de chaque communauté et la volonté de tous de promouvoir la fidélité à nos Constitutions et Règles.
A l'intérieur de ces quatre défis et priorités de la province, je voudrais vous indiquer trois préoccupations que je porte dans mon cœur depuis que j'ai terminé ma première visite canonique parmi vous. D'abord il nous faut courageusement envisager un regroupement progressif de nos communautés dans le Diocèse d'Idiofa. A Idiofa, en effet, notre monopole a trop duré : depuis le départ des pères jésuites en 1933 ! Il faut espérer que d’autres congrégations religieuses viendront à leur tour soutenir et appuyer les efforts d’évangélisation dans ce grand diocèse auquel nous resterons, de toute façon, très attachés. Ensuite, il nous faut penser à l'expansion de la mission d'Angola en ayant un désir ardent d'angolaniser son personnel. Cela suppose la mise en place d’un programme adéquat pour les vocations. Enfin, la mission de Lolo dans l’Equateur : elle doit incessamment démarrer, et il faut pour cela que toute la Province se prononce pour me permettre de constituer la première équipe de pionniers. Je termine cette adresse en formulant pour chacun de vous le vœu de constance dans la mission. Conservons notre courage intellectuel et notre humilité pour aller toujours plus au large. Exhortons-nous mutuellement à nous renouveler dans la fidélité à notre vocation oblate, tout en considérant que celle-ci est aussi crucialement nécessaire aujourd’hui qu’hier, au temps d’Eugène de Mazenod ou encore au temps d’Hubert Eudore, fondateur de notre mission au Congo. Restons ouverts aux multiples grâces que ce jubilé nous apporte. Restons également unis aux confrères d’Isangi qui célébreront cette fête en mai et à ceux d’Idiofa-Kikwit qui la célébreront à leur tour avec le Supérieur général en août prochain. N’ayons pas peur de prendre les risques de la mission. Osons grand comme le monde, nous nous en sortirons, quelles que soient les contraintes de la vie. Je vous souhaite un bon carême. Avec la grâce de Dieu.

Père Macaire MANIMBA, omi.
Supérieur provincial

Aucun commentaire: